Prendre le temps d’aller visiter un refuge alpin pourrait se révéler l’une des expériences les plus mémorables que vous puissiez connaître dans les Alpes. J’essaie d’en découvrir un chaque année avec ma famille et nous ne sommes jamais déçus du voyage. En effet, cela fait maintenant 20 ans que je visite des refuges, été comme hiver, habités ou non, et je crois que chacun d’eux m’a laissé un magnifique souvenir.
Refuge de la Vogealle, près de Samoëns
Qu’est-ce qu’un refuge ?
Auparavant, j’utilisais en anglais le terme « hut » (cabane) qui peut toutefois prêter à confusion pour les non-initiés. En effet, une rapide recherche sur le Web m’a mené à un long article Wikipedia en anglais sur le sujet qui ne mentionne pratiquement pas le terme « refuge ». Le problème avec l’appellation « mountain hut » (cabane de montagne), c’est sa connotation péjorative. Nombre de ces bâtisses sont extrêmement bien aménagées avec de petits dortoirs ou des chambres, des toilettes intérieures et les équipements nécessaires pour servir chaque soir des repas complets avec entrée, plat, dessert. Les plus modernes sont également équipées de douches chaudes mais, à moins qu’elles ne soient alimentées par une source d’eau chaude locale, je préfère m’en passer (cf. la section « Écoresponsables ? » en bas de page).
Dortoir de la Vogealle
Où dort-on ?
Les refuges traditionnels comportent des dortoirs collectifs, longues plateformes de couchage munies d’oreillers et de couvertures. L’inconvénient majeur de ce type d’installation tient au ronflement des occupants. Les bouchons d’oreille sont fortement recommandés ! Les refuges qui ont été rénovés au cours des dernières années possèdent probablement des chambres pour 6-8 personnes, idéales pour la plupart des groupes et des familles. Les nuisances sonores y sont considérablement réduites. En outre, ces structures plus modernes vous proposeront peut-être des duvets au lieu de couvertures. Dans un cas comme dans l’autre, vous devrez prévoir un drap de sac de couchage.
On pourrait parfois se croire dans un hôtel de haute montagne !
Que faut-il amener ?
Si les refuges ne sont pas des hôtels, ce ne sont pas non plus des cahutes. Alors que faut-il amener ? En plus de votre habituel paquetage de jour pour une excursion en montagne, vous devrez probablement emporter un drap de sac de couchage, soit pour protéger les duvets, soit pour pallier le manque de confort des couvertures rêches. J’emporte normalement un T-shirt propre ainsi que des chaussettes et sous-vêtements pour le soir. Par ailleurs, n’oubliez pas que la plupart des refuges se situent en assez haute altitude : les soirées peuvent donc y être plutôt fraîches. Une torche peut s’avérer essentielle, surtout si les toilettes se trouvent à l’extérieur. Mais quoi qu’il en soit, essayez de voyager léger : moins vous aurez de poids à porter, plus vous profiterez de la promenade !
Bouquetins près du refuge de Presset
Quel refuge choisir ?
Mes recommandations concernent la Haute-Savoie, où je réside. Le massif du Mont Blanc compte à lui seul 50 refuges. Vous trouverez un tas d’informations sur le Web ainsi qu’un livre qui les recense tous. J’en ai sélectionné quelques-uns ci-dessous.
Ceux-ci, ne nécessitant pas beaucoup de marche à pied, sont donc adaptés aux familles.
Refuge de Loriaz, Chamonix, style traditionnel
http://www.refuges.info/point/370/refuge-garde/aiguilles-rouges/refuge-de-loriaz/
2 h de marche avec 680 m de dénivelé (depuis la vallée) ou avec un parcours beaucoup plus facile en partant du barrage d’Émesson.
Refuge des Tindérêts, près de Châtel, style traditionnel
http://www.refuge-abondance.com/
1 h, 295 m, très basique, beaucoup de charme.
Refuge du Folly, Samoëns, style traditionnel mais avec des petits dortoirs et des produits frais.
http://refuge-du-folly.perso.neuf.fr
2 h 15 min, 561 m, charmant endroit, avec des ânes pour le plus grand plaisir des enfants. Quoique ancien, ce refuge est résolument tourné vers l’écologie. Jetez un œil à la page « Écologie » sur leur site Web.
Refuge de Varan, Passy (près de Chamonix)
http://www.varan.tourdesfiz.com/
1 h 45 min, 520 m, vue incroyable sur le mont Blanc.
En route vers le refuge de Presset
Les deux suivants, qui requièrent un peu plus de marche, séduiront peut-être davantage les randonneurs plus expérimentés.
Refuge de la Vogealle, 1902 m, Samoëns, récemment rénové
http://www.refugedelavogealle.com/acces.html
3 h 15 min, 950 m d’ascension, très beau refuge dans un cadre fantastique.
Refuge de Presset, 2514 m, près de Beaufort (Savoie), flambant neuf
http://refugedepresset.ffcam.fr/
Refuge CAF (Club alpin français), réductions accordées aux membres. Divers itinéraires, environ 3 h, 800 m d’ascension.
Cabane du mont Rose, 2795 m, 120 couchages, près de Zermatt
Écoresponsables ?
Une construction capable d’héberger jusqu’à une centaine de personnes en haute altitude a forcément un impact sur l’environnement. L’exemple le plus extrême en est le nouveau Refuge du Goûter, perché à 3835 m d’altitude sur le mont Blanc, qui accueille chaque nuit 120 grimpeurs. On utilise essentiellement de la neige fondue pour remédier à l’absence d’eau courante. Bien que l’édifice soit recouvert de panneaux solaires, l’énergie consommée par cette masse de personnes est considérable. Des technologies ultra modernes sont utilisées pour réduire l’impact environnemental, mais les usagers du site doivent aussi être éduqués. Renoncer à une douche chaude pour une nuit sera déjà un grand pas en avant ! L’autre progrès accompli par les refuges modernes concerne les toilettes. Aujourd’hui, celles-ci parviennent à s’intégrer à l’intérieur du bâtiment et à fonctionner sans eau. Une avancée considérable par rapport à l’ancien système que je ne décrirai pas ici.
Livres et jeux pour passer le temps