La Route du Rhône (route cyclable no 1 du réseau suisse)
Ce billet s’inscrit dans ma longue série d’articles sur « quoi faire à la montagne sans avoir nécessairement besoin de montagnes ». Parfois, les enfants réagissent mal à mon habituelle invitation des week-ends, soit « allons faire une randonnée jusqu’en haut d’un sommet ! ». Lorsque cela arrive, je suis pris au dépourvu et me demande ce que je pourrais proposer de mieux pour les mettre au défi. Ma plus jeune a presque 10 ans, et elle aime beaucoup faire du vélo. Il peut s’avérer difficile de varier les routes hors saison depuis notre maison dans les Portes du Soleil. Le record de ma fille était de 40 km, parcourus autour du lac d’Annecy, quand j’ai proposé que nous le brisions ; elle s’est déclarée partante.
Je me suis alors souvenu que la vallée du Rhône (du côté suisse) pouvait nous offrir une route quasiment plate, qui conviendrait au projet. De plus, je souhaitais rester sur des pistes cyclables. Cela nous aiderait, elle et moi, à demeurer zen. Quoi qu’on dise sur la sécurité du cyclisme, faire circuler une enfant de 9 ans et de nombreuses voitures sur une même route ne me revenait pas !
(Dans tout ce qui suit, rappelez-vous que nous avons roulé en Suisse ; je ne le préciserai plus.) Pour votre information, sachez que cette route se prolongera bientôt jusqu’à la côte méditerranéenne, à travers la France. Mais pour l’instant, elle est en pointillés. Des renseignements sur la partie française sont consultables ici : http://www.viarhona.com/
Tous les détails sur les 350 km qui sont achevés et ouverts en Suisse sont disponibles ici :
http://veloland.myswitzerland.com/fr/routes/route-01.html
Cette page fait partie de l’incroyable mine d’or qu’est SuisseMobile, le réseau pour la mobilité douce, probablement le meilleur site Web de cyclotourisme du monde.
Notre sortie d’une journée est faisable par toute personne résidant dans les Portes du Soleil ou à Chamonix. Atteindre la vallée du Rhône depuis ces endroits est rapide et aisé. J’habite à Saint-Jean-d’Aulps, aussi mon intersection la plus proche avec le parcours se trouve à Bouveret, à 1 h de chez moi. Nous nous y sommes rendus en voiture un samedi matin pour prendre le train qui remonte la vallée. Comme vous vous en doutez, les trains suisses sont d’une ponctualité irréprochable. Mais savez-vous qu’ils suivent également un horaire cadencé ? Cela fait que le train de Bouveret part à 10 h 01, 11 h 01, 12 h 01, et ainsi de suite toute la journée, même le dimanche. Ce cadencement permet de déterminer très facilement où sera le train. Nous avons acheté nos billets sur une machine de la plateforme (40 CHF au total pour les 90 km qui nous séparaient de Sierre). Il est facile de charger les vélos dans le train, mais il faut s’assurer de passer une porte marquée d’une bicyclette ! Les endroits pour ranger ou suspendre les vélos durant le voyage sont bien en évidence. Nous sommes arrivés à Saint-Maurice 20 min plus tard, où nous avons pris un train plus rapide à destination de Sierre. Les correspondances fonctionnent parfaitement : elles laissent 3 min pour descendre du train et monter dans le suivant.
Nous sommes arrivés à Sierre 1 h après notre départ de Bouveret. Bien que j’aie téléchargé l’application de SuisseMobile sur mon téléphone, je n’ai pas eu envie de naviguer dans l’assez grande ville avec mon appareil – je me suis engouffré dans l’office de tourisme. Le personnel m’a indiqué des panneaux très clairs. À partir de ce point de départ, le repérage a été simplissime !
Nous avons traversé de nombreux vergers de pommes et vignobles en profitant de la vue sur les terrasses et les petits villages de la vallée du Rhône. En regardant bien, j’ai reconnu les stations de ski de Crans-Montana, Nendaz et Verbier et aperçu au moins deux fois leur nombre de stations plus petites, dont seule la population locale connaît le nom. Nous avons traversé les agglomérations de Sion, Martigny et Monthey. C’est à Sion que nous nous sommes arrêtés dans un café pour déjeuner – je crois que cela aurait été possible à Martigny également, mais nous avons contourné le centre-ville. Il y avait quelques tables de piquenique et des points d’eau potable le long de la route.
La partie vraiment plate de cette route commence à Brig. De là à Bouveret et au lac Léman, il y a environ 120 km, pendant lesquels la route descend imperceptiblement, de l’ordre de 150 m pour 100 km. Nous avons couvert le chemin à la vitesse moyenne de 15 km/h. Après 70 km, ma fille battait de l’aile. Nous nous sommes donc rabattus vers la gare de Monthey et avons pris le train de retour vers Bouveret, ce qui nous a épargné les 20 derniers km et probablement évité une Bérézina ! J’ai bien l’impression que la route que nous avons empruntée est tout à fait praticable par les cyclistes 90 % de l’année, car la neige ne s’accumule pas dans le fond de la vallée habituellement. Le principal danger pour les cyclistes pourrait être le vent. Comme il est vraiment difficile à prévoir, si vous avez une idée du sens dans lequel il va souffler, vous pourrez user du train pour en profiter ! J’ai déjà expérimenté un vent de 70 km/h dans le dos… Cela suffit pour doubler une vitesse moyenne sans effort supplémentaire. Par contre, essayer de pédaler face à un tel vent peut s’avérer impossible !