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J’ai recueilli de nombreuses opinions sur le ski à Avoriaz la semaine dernière. Il est un fait notoire que les Alpes du Nord connaissent des problèmes d’enneigement. J’ai donc été surpris d’entendre ce qui suit :
« Incroyable, je n’en reviens pas à quel point c’était bien ! »
« Très tranquille. Beaucoup de pistes ouvertes. »
« Je ne sais pas comment ils réalisent un tel tour de force. » »
J’y suis allé pendant le week-end pour vérifier ces dires de mes propres yeux. Ils sont véridiques : très impressionnant ! J’ai skié aux Lindarets et je suis certain que les pistes étaient couvertes d’un bon mètre de neige sur tout le chemin du retour, et ce, jusqu’au parking. En fait, la piste de retour à la voiture à Ardent était la meilleure ; je l’ai descendue à 11 h, totalement seul, à même les traces des dameuses. J’ai discuté avec un propriétaire de restaurant et lui ai demandé d’où provenait toute l’eau. « Pompée dans le lac de Montriond pendant la journée », m’a-t-il répondu.
Ça n’est pas la première fois que je vais à Avoriaz et suis « estomaqué » par le travail qui y est accompli. L’endroit donne vraiment l’impression d’être le paradis du ski. Certes, en ce moment, il n’est pas à son meilleur, mais les conditions sont plutôt bonnes.
Ma curiosité a été piquée : mais qui se cache donc derrière ce travail aussi astucieux qu’impeccable ? Je sais qu’il s’agit de la Compagnie des Alpes, dont j’ai entendu le nom assez souvent, mais qu’est-ce que la Compagnie des Alpes ?
Il faut avant tout savoir que cette société possède Les Arcs, Peisey-Vallandry, La Plagne, Tignes, Val d’Isère, Les Menuires, Méribel, Les Deux Alpes, Serre Chevalier et l’ensemble du Grand Massif (Flaine, etc.). Elle est actionnaire majoritaire de la station de Chamonix (37,5 %) et de Megève et a pris des participations minoritaires dans les stations d’Avoriaz (20 %), Valmorel et La Rosière (par l’intermédiaire de la société Sofival). C’est énorme. Pour résumer, il s’agit du plus gros joueur de l’économie du ski à l’échelle internationale : 30 % des revenus des domaines skiables du monde passent par la Compagnie des Alpes.
Mais ça n’est pas tout : la société a également des intérêts dans des activités estivales. Elle possède en effet le Parc Astérix, le Futuroscope, France Miniature et les quatre Parcs Walibi.
Son chiffre d’affaires est de l’ordre de 700 M€ par an et elle emploie près de 5 000 personnes. D’après ce que j’ai lu en parcourant les 98 pages du dernier rapport annuel, Avoriaz à elle seule comptait pour 37 M€ de ce chiffre d’affaires et 6 M€ des profits.
Davantage de renseignements sont disponibles sur sa page Wikipédia. Vous y lirez que la Compagnie des Alpes est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Cette dernière est une banque publique, propriété de l’État français. Je ne pense pas que l’équivalent existe dans le monde anglo-saxon, pourtant la relation circulaire entre l’industrie du ski et la Nation française est assurément intéressante.
« La Caisse des dépôts et consignations et ses filiales constituent un groupe public au service de l’intérêt général et du développement économique du pays (…) Ce groupe remplit des missions d’intérêt général en appui des politiques publiques conduites par l’État et les collectivités territoriales et peut exercer des activités concurrentielles », peut-on lire sur le site Web de la société. La Caisse des dépôts mériterait à elle seule qu’on lui consacre un livre !