This post is also available in: English (Anglais)
Désormais, nous devons obtenir les classes énergétiques DPE (pour Diagnostic de performance énergétique) de tous les biens immobiliers que nous vendons. Nous voilà donc confrontés à la dure réalité de la consommation énergétique des habitations alpines. Nous savons que l’endroit n’offre pas des conditions de vie particulièrement économiques, mais il faut bien chauffer nos intérieurs tout au long de l’hiver, et ce pour un coût non négligeable ! Regardez, sur le graphique ci-dessous, la distribution des classes énergétiques pour l’ensemble de notre portefeuille immobilier.
Ainsi, la plupart de nos produits appartiennent à la classe énergétique D, E ou F. Je ne suis pas sûr que j’achèterais une voiture ou un réfrigérateur affichant un indice aussi médiocre, bien que nos habitations présentent des coûts de fonctionnement largement supérieurs à ceux de ces engins ! Lorsque je vois un bien doté d’un indice A ou B, cela me laisse généralement sceptique. Je demande toujours à nos agents comment ils ont fait pour obtenir un tel résultat et voici le genre de réponse que j’obtiens : « Le logement est inoccupé et les propriétaires ont persuadé l’expert qu’il ne consommait pas d’énergie », ou encore : « Au départ c’était un E, mais ils ont demandé à l’expert de refaire le diagnostic et cela a donné un B !. » Vous comprendrez sans peine la raison de mon scepticisme.
Nous nous sommes récemment vu confier la vente d’un joli chalet dans la vallée Verte, avec un indice C. Comme vous pouvez le constater, même un C est difficile à obtenir. Pour vous donner une idée de ce qu’il faut faire pour obtenir un C, nous avons questionné le propriétaire de long en large. Il nous a répondu volontiers, sans grande surprise car il a consacré beaucoup d’efforts à la réduction de sa facture énergétique. À titre de comparaison, il loge une famille de trois personnes dans une assez grande maison individuelle (4 chambres/168 m²) nichée à 1000 m d’altitude, au fond d’une vallée qui s’étend du nord au sud.
L’eau (bien que n’influant pas sur l’indice DPE, elle mérite d’être prise en considération en tant que ressource)
L’eau de pluie et de fonte de la neige est collectée à partir du toit dans une cuve de 10 000 litres, puis filtrée pour la rendre adaptée à tous les usages. Cet apport suffit presque aux besoins d’une famille de trois personnes. La facture d’eau courante, qui avoisine 50 €/an, représente la plus grosse part des frais généraux permanents.
Le chauffage
La maison emploie deux méthodes de chauffage : une pompe à chaleur aérothermique et un poêle à bois de 18 kW. Les pompes à chaleur aérothermiques (utilisant l’air comme source de chaleur) gagnent du terrain sur les systèmes géothermiques (utilisant le sol comme source de chaleur) car leur installation est moins coûteuse et ne nécessite pas une grande surface de jardin pour enterrer les tuyaux. Ces systèmes aérothermiques représentent un mode de chauffage électrique très performant. Vous pouvez d’ailleurs apercevoir l’appareil fixé au mur de l’habitation, sur la photo ci-dessus.
Par ailleurs, l’édifice est équipé de panneaux solaires intégrés qui fournissent de l’énergie au réseau public, générant ainsi un revenu annuel d’environ 1100 € selon les tarifs actuels. La facture d’électricité domestique (pour le chauffage de la maison, l’eau chaude, l’éclairage) s’élève à 1500 €/an. Par conséquent, le coût net est de 400 €/an.
Apparemment, le poêle à bois ne fonctionne que lorsque le temps est particulièrement froid ou pour « faire joli » ! La consommation totale de bois avoisine ¾ stère (soit 0,75 m³ de bois empilé), ce qui correspond à 240-320 € selon les tarifs actuels. En utilisant une valeur moyenne pour mes calculs, j’obtiens ainsi une estimation de l’ordre de 730 €/an pour le coût total net des ressources.
Je prendrai ma propre habitation à titre de comparaison. Loin d’être neuve, c’est un patchwork de rénovations. Je suppose qu’elle obtiendrait un F sur l’échelle DPE. Les principaux travaux d’isolation (dans la toiture), réalisés il y a plus de 20 ans, ne satisfont pas aux normes actuelles. Seule une moitié du logement possède des doubles vitrages. Nous sommes une famille de cinq personnes. Notre habitation jumelée (4 chambres/150 m²) est exposée sud, à 830 m d’altitude. Nos factures annuelles s’élèvent à 2800 € pour l’électricité, 500 € pour l’eau et 240 € pour le bois. Total : 3540 €/an.
Bref, cela vaut certainement la peine d’économiser 2800 €/an ! Probablement 10 % du revenu moyen d’un ménage dans la région. Même si l’on considère la consommation réelle en soustrayant le revenu procuré par le solaire, l’économie demeure substantielle (consommation réelle = 1830 €, soit une économie de 1710 € par rapport à mon cas personnel).