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« Devrais-je participer à l’Étape du Tour ? » – c’est la question que se posent des milliers de cyclistes chaque année au mois d’octobre. La réponse est très probablement « oui ». Voici pourquoi.
L’Étape du Tour et le Tour de France sont organisés par les mêmes personnes. La société ASO (Amaury Sport Organisation) répond d’une douzaine d’événements d’envergure internationale (le Paris-Roubaix, le Critérium du Dauphiné et la Vuelta, pour ne citer que ceux-là). Elle divulgue partiellement le trajet du Tour de France de l’année suivante en octobre. La section retenue en tant qu’Étape du Tour est annoncée le même jour. Il s’agit généralement de l’étape-reine, soit la journée la plus difficile du Tour.
Si le défi vous intéresse, une fois cette étape annoncée, vous disposez d’un mois environ pour vous décider. En 2015, les 15 000 places étaient toutes comblées à la fin du mois de décembre.
De nombreuses raisons vous pousseront à ne pas vous inscrire, comme ce serait le cas pour n’importe quel grand événement sportif. Il est si facile de trouver des excuses…
- Je ne suis pas assez en forme.
- C’est trop gros ; j’ai entendu parler de queues et de retards terribles.
- C’est dangereux ; je serai entouré(e) de milliers de gens qui se prennent pour des pros et ne savent pas rouler en peloton !
- La logistique et les dépenses sont au-dessus de mes moyens.
Ne pas être assez en forme est certainement la pire raison pour ne pas y aller – et la meilleure pour se permettre d’essayer ! Effectivement, ce sera une rude journée. Mais elle ne sera pas plus difficile que n’importe quel autre grand tour dans le monde, avec sa longueur de 120 à 170 km et ses 2 000 à 4 000 m d’ascension. Les premiers terminent habituellement l’étape en 4 h, et les derniers, en 10 h. Notez qu’il existe différentes « portes de sortie » le long du parcours, et l’équipe organisatrice insistera pour que vous vous y arrêtiez si vous roulez trop lentement.
En général, cela équivaut à une vitesse moyenne de 14 km/h. Évidemment, ça n’est pas un événement où l’on peut « débarquer » et prendre le départ sans l’entraînement requis. Des milliers de personnes le réalisent à chaque édition. Eh oui, lors des deux Étapes auxquelles j’ai participé, 25 % des gens ne se sont pas présentés en 2016, et 30 % en 2012. Je les soupçonne d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre !
Le fait que 15 000 personnes participent peut être intimidant. J’ai pris part à de nombreux grands tours, et normalement, les participants se comptent par centaines plutôt que par milliers. De plus, j’ai entendu toutes sortes d’histoires de personnes qui ont été obligées de marcher parce que la circulation était trop dense, d’énormes queues pour se rendre à l’événement et de retards causés par des accidents. Ces histoires m’ont fait peur, comme à n’importe qui. Mais lors des deux Étapes du Tour que j’ai connues, je n’ai rien vu de tel.
L’organisation a été invariablement exceptionnelle. J’imagine qu’il y a eu des problèmes, mais ils ont été complètement transparents. Je ne doute pas de leur existence, toutefois je crois qu’ils sont l’exception, et non la règle. Le départ est progressif. Les plus rapides partent en premier, à 7 h du matin, suivis par des tranches de 1 000 coureuses et coureurs à une fréquence de 7,5 min, ce qui nous mène pratiquement jusqu’à 9 h. Votre estimation du temps que vous mettrez pour couvrir la distance est demandée à l’inscription. Elle servira à vous placer dans un « flot » adéquat. Si vous choisissez l’option « je veux seulement finir », l’organisation vous placera à l’arrière. Si vous voulez désespérément rouler avec un(e) ami(e) et que vous retrouvez séparés, ne vous inquiétez pas, il y a une certaine tolérance au départ.
Le vélo de route comporte des risques. Le vélo de route dans les Alpes ou les Pyrénées, encore plus ! Les longues descentes sinueuses et à pic ajoutent de la difficulté. Sans compter les conditions météorologiques, qui peuvent compliquer la partie. D’après mon expérience, à l’entraînement, vous serez soumis(e) à de basses températures et à diverses formes de précipitations, et le jour J, vous roulerez sous la canicule… Il y aura des chutes et si vous êtes impliqué(e), des dégâts sont à prévoir. Cela dit, je suis convaincu que la plupart des accidents sont causés par des erreurs individuelles, et non par les autres cyclistes. Pas tous, mais la majeure partie. Et si vous ne voulez pas vous mêler à des « fous du guidon », vous pourrez facilement prendre vos distances et trouvez un espace qui vous convient.
Gardez à l’esprit que la route sera fermée, donc vous aurez deux fois plus de bitume pour évoluer qu’en temps normal. Vous verrez de nombreuses chutes et autant d’équipes médicales à pied d’œuvre. Mais il y aura des milliers de cyclistes et des milliers de chances de tomber. Les coureurs du Tour se cassent la figure bien plus souvent que les personnes qui participent aux grands tours en amatrices et en amateurs.
Si ma mémoire est bonne, les frais d’inscription s’élevaient à 100 €. Pour la somme, vous avez des routes fermées, un grand rassemblement incroyablement bien organisé, une jolie médaille (si vous terminez), une casquette ou un maillot, ou quelque chose du genre. En 2016, il s’agissait d’une espèce de sac à dos. Il y avait trois stations de ravitaillement en eau et en nourriture et quatre points d’eau supplémentaires. Des boissons énergisantes étaient également offertes à celles et ceux qui les aiment. Du café et des madeleines étaient servis au départ, et des pâtes à volonté à l’arrivée. Malheureusement pour moi, je n’ai jamais été capable de manger après la course ! Les événements plus modestes sont moins chers, mais leur rapport intérêt/prix n’est pas meilleur. Ils ont tendance à être des circuits, qui rendent toutefois votre logistique personnelle plus facile à organiser.
La plupart des Étapes du Tour étant « point à point » (d’une localité à une autre), la logistique est complexe. L’équipe organisatrice prévoit un grand nombre d’autobus le jour même, ainsi que les jours précédents. Cependant, une voiture suiveuse et une conductrice ou un conducteur volontaire aident énormément. De nombreuses grandes organisations sont prêtes à tout arranger à votre place également. Leurs services englobent les vacances de plusieurs semaines, la location de vélos, l’hôtellerie haut de gamme, un accompagnement exclusif pendant la course – contre une coquette somme pouvant atteindre 5 000 $ – ou le camping au départ, avec un retour à vélo (beaucoup de gens le font !).
De toutes les personnes auxquelles j’ai parlé, absolument toutes ont été profondément impressionnées par l’Étape du Tour. L’organisation, l’itinéraire et l’ambiance. Alors, arrêtez de penser aux raisons de ne pas le faire et montez en selle !