Je veux gérer un chalet dans les Alpes

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À une époque, on me posait cette question à peu près deux fois par semaine :

« Comment dois-je faire pour démarrer une activité de location de chalet dans les Alpes ? »

Je pense que le pic fut atteint en 2005-2006. Tout le monde voulait aller s’installer dans les Alpes, cela concernait parfois ¼ des demandes de renseignements que nous recevions. Puis l’intérêt s’est estompé de 2008 à 2011. Toutefois, le sujet est en train de refaire surface. Pas à la même fréquence, mais environ une fois par semaine.

Pic de la Corne 2014

Au fil du temps, j’ai compris que la question se posait plutôt en d’autres termes. Par exemple :

« Comment puis-je faire pour gagner ma vie dans les Alpes ? »

serait mieux approprié. À mon avis, on s’imagine souvent que gérer un chalet serait une activité idéale parce que la plupart des gens ayant séjourné aux sports d’hiver ont fait eux-mêmes l’expérience d’une location de chalet. Cela leur a coûté 800 € par personne et c’est ainsi que l’embryon de business plan a pris naissance sur un coin de la table à manger.

800 € x 10 personnes séjournant dans le chalet = 8 000 €

8 000€ x 16 semaines en saison = 128 000€

Cela fait beaucoup d’argent ! Et probablement une belle marge !

Naturellement, vous avez besoin d’un chalet ou, mieux encore, d’un petit hôtel. Il faut alors considérer les factures habituelles, la nourriture, le linge, etc. à payer. Mais ça doit être rentable, non ? Et c’est sans compter la période estivale. OK, ça m’intéresse. Par où dois-je commencer ?

Moi aussi, je suis passé par là. Je gagne à présent ma vie en travaillant à plein temps avec Alpine Property. J’ai également travaillé pendant deux-trois saisons hivernales, j’ai géré un chalet (principalement en été) pendant dix ans et je vis désormais dans les Alpes avec ma femme et mes trois enfants. Je serais donc la preuve vivante que c’est une bonne idée ? Et bien, oui et non. Je vais maintenant vous donner mon opinion personnelle. À prendre avec toutes les précautions qui s’imposent !

Mon premier conseil serait : « Ne le faites pas ». Ou plutôt « Ne vous hasardez pas dans la location touristique de chalets ». Venir s’installer dans les Alpes, voilà une idée géniale ! Passez en revue vos compétences professionnelles : sont-elles transposables à une activité professionnelle dans les Alpes ? Ce serait une possibilité ? Voire une amélioration sur le long terme. Plein de gens domiciliés dans les Alpes gagnent leur vie en travaillant sur place ou en faisant la navette. Voici les exemples dont j’ai connaissance :

Comptables, pilotes*, juristes*, journalistes, experts en informatique, consultants et gestionnaires de projets* dans des domaines divers, guides (de randonnée / cyclisme / escalade), moniteurs de skis, électriciens, charpentiers, plâtriers, plombiers, constructeurs de bâtiment, banquiers (à Genève), docteurs, infirmiers, ingénieurs*, agents immobiliers, architectes d’intérieur, concepteurs graphiques, photographes, artistes, écrivains, enseignants, chauffeurs de taxi, propriétaires d’hôtels et employés d’hôtellerie…

* Les professions signalées par un astérisque s’exercent généralement loin du domicile, en utilisant les Alpes comme point de chute. La liste est loin d’être exhaustive, car je me suis contenté de répertorier des cas que je connais personnellement.

Repas entre collègues d’Alpine Property (2011)

Même les différents métiers que j’ai cités ci-dessus comportent des aspects relativement épineux qu’il vous faut impérativement prendre en considération. Le principal écueil est lié au fait de vivre dans un pays étranger. Bien sûr, il y a la difficulté de la langue pour les non-francophones, mais ce n’est qu’une petite partie du problème. Les Français ont une philosophie de vie différente. Il ne faut pas l’oublier. En fait, c’est fondamental. Avant de franchir le pas, j’ai lu « 60m Frenchman can’t be wrong » (en français : « Pas si fous ces Français !« ). Je l’ai lu sans toutefois le comprendre vraiment. Je m’efforce encore d’en percer tous les mystères 14 ans après. J’aurais trois observations à faire sur ce sujet.

1. La France adore les règlements. Les Français prétendent le contraire. Pourtant, l’État adore les lois et les réglementations. En ce qui concerne l’exercice d’une profession ou d’un emploi, vous seriez bien avisés de connaître la législation et de la respecter. En comparaison, le Royaume-Uni semble totalement dépourvu de règles. N’importe qui semble pouvoir se lancer dans le commerce. Ce n’est pas le cas en France.

2. La France est un pays socialiste. Lorsque le parti travailliste gouvernait le Royaume-Uni (de mon vivant), il faisait juste semblant d’être socialiste. Lorsque Sarko présidait la France, il faisait juste semblant d’être de droite. Le fait est que cela coûte une fortune de diriger un pays socialiste et qu’il faut bien que quelqu’un paie pour cela. Le coût de la vie en France semble élevé par rapport à celui du Royaume-Uni. Tout (ou presque tout) coûte plus cher, et c’est encore plus vrai dans une station de ski ! De manière générale, il apparaît que les Français sont taxés considérablement plus que les Britanniques, ce qui les contraint à appliquer des tarifs plus élevés pour équilibrer les comptes.

3. Les Français prennent leur temps libre au sérieux. Qu’il s’agisse des heures de repas ou des week-ends. N’empêchez jamais un Français d’aller déjeuner. Un Anglo-Saxon pourra en rire, mais un Français prendra cela extrêmement au sérieux. Cela passe avant les affaires. Indiscutablement.

En bref, si vous ne pensez pas pouvoir transplanter vos compétences actuelles et que vous envisagez toujours de gérer un chalet, attendez une minute ! Je vous invite à consulter mon prochain article, dans lequel j’exposerai certains des problèmes et pièges que cela comporte.

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